jeudi 27 janvier 2011

L’HISTOIRE DE LA GRENOUILLE QUI SE LA COULE DOUCE!


SOMMES-NOUS DÉJÀ À MOITIÉ CUITS ?

Imaginez une marmite remplie d’eau froide, dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite. L’eau se chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue de nager.
La température commence à grimper. L’eau est chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille ; ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant.
L’eau est maintenant vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle est aussi affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien.
La température de l’eau va ainsi monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais s’être extraite de la marmite. Plongée dans une marmite à 50°, la grenouille donnerait immédiatement un coup de pattes salutaire et se retrouverait dehors.

Cette expérience (que je ne recommande pas) est riche d’enseignements. Elle montre que lorsqu’un changement négatif s’effectue de manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps pas de réaction, pas d’opposition, pas de révolte.

C’est exactement ce qui se produit dans la société où nous vivons. D’année en année, on observe une constante dégradation des valeurs, laquelle s’effectue cependant assez lentement pour que personne – ou presque – ne s’en offusque. Pourtant, comme la grenouille que l’on plonge brusquement dans de l’eau à 50°, il suffirait de prendre l'individu moyen du début des années 80 et, par exemple, de lui faire regarder la TV d’aujourd’hui ou lire les journaux actuels pour observer de sa part une réaction certaine de stupéfaction et d’incrédulité. Il peinerait à croire que l’on puisse un jour écrire des articles aussi médiocres dans le fond et irrespectueux dans la forme que ceux que nous trouvons normal de lire aujourd’hui, ou que puissent passer à l’écran le genre d’émissions débiles qu’on nous propose quotidiennement.

L’augmentation de la vulgarité et de la grossièreté, l’évanouissement des repères et de la moralité, la relativisation de l’éthique, se sont effectués de telle façon – au ralenti – que bien peu l’ont remarqué ou dénoncé.

De même, si nous pouvions être subitement plongés en l’an 2022 et y observer ce que le monde sera devenu d’ici là, s’il continue de dévaler la pente sur laquelle il se trouve, nous en serions sans doute encore plus interloqués, tant il semble que le phénomène s’accélère (accélération rendue possible par la vitesse à laquelle nous sommes bombardés d’informations nouvelles et en oublions le reste). Notons d’ailleurs que les films futuristes s’accordent pour ainsi dire tous à nous présenter un futur certes » hyper-technologique » mais surtout des plus lugubres.

Chaque fois qu’un changement est trop faible, trop lent, il faut soit une conscience très aiguisée soit une bonne mémoire pour s’en rendre compte. Il semble que l’une et l’autre soient aujourd’hui chose rare.

Sans conscience, nous devenons moins qu’humain.

Sans mémoire, nous pourrions passer chaque jour de la clarté à la nuit (et inversement) sans nous en rendre compte, car les changements d’intensité lumineuse sont trop lents pour être perçus par la pupille humaine. C’est la mémoire qui nous fait prendre conscience a posteriori de l’alternance du jour et de la nuit.

Gavée par trop d’informations inutiles, la mémoire s’émousse.

Abrutie par un excès de stimulations sensorielles, la conscience s’endort.

Et notre civilisation s’enfonce ainsi dans l’obscurité spirituelle, avec le délitement social, la dégradation environnementale, la dérive faustienne de la génétique et des biotechnologies, et l’abrutissement de masse – entre autres symptômes – par lesquels elle se traduit.

Le principe de la grenouille dans la marmite d’eau est un piège dont on ne se méfie jamais trop si l’on a pour idéal la recherche de la qualité, de l’amélioration, du perfectionnement, si l’on refuse la médiocrité, le statu quo, le laisser-faire.

Incidemment, ce principe fonctionne aussi au positif et même en cela il peut nous jouer des tours. Les efforts que l’on fait quotidiennement provoquent eux aussi des changements – positifs, cette fois – mais parfois trop faibles pour être immédiatement perçus ; ces améliorations sont pourtant bien là, et à ne pas les observer, certains se laissent décourager à tort.

Comment, alors, ne pas succomber au piège du principe de la grenouille dans la marmite d’eau, individuellement ou collectivement ?

En ne cessant d’accroître sa conscience, d’une part, et en conservant un souvenir intact de l’idéal et des buts que l’on s’est fixés.

L’entraînement et le développement de la conscience sont l’un des points communs de toutes les pratiques spirituelles : conscience de soi, conscience du corps, conscience du langage, conscience de ses pensées, conscience de ses émotions, conscience d’autrui, etc…

Au-delà de tout dogme, de toute doctrine, de toute idéologie, l’élargissement et l’accroissement de la conscience devraient donc être considérés – bien plus que le développement des seules facultés intellectuelles – comme un comportement fondateur de notre statut d’humain et comme un moteur indispensable à notre évolution.

Si nous regardons ce qui se passe dans notre société depuis quelques décennies,
nous subissons une lente dérive à laquelle nous nous habituons. Des tas de choses
qui nous auraient horrifiés il y a 20, 30 ou 40 ans, ont été peu à peu banalisées, édulcorées, et nous dérangent mollement à ce jour, ou laissent carrément indifférents la plupart des gens.

AU NOM DU PROGRÈS et de la science, les pires atteintes aux libertés individuelles, à la dignité du vivant, à l’intégrité de la nature, à la beauté et au bonheur de vivre, s’effectuent lentement et inexorablement avec la complicité constante des victimes, ignorantes ou démunies.

Les noirs tableaux annoncés pour l’avenir, au lieu de susciter des réactions et des mesures préventives, ne font que préparer psychologiquement le peuple à accepter des conditions de vie décadentes, voire DRAMATIQUES...

Le GAVAGE PERMANENT d’informations de la part des médias sature les cerveaux qui n’arrivent plus à faire la part des choses...

Là, C’EST POUR AUJOURD’HUI!
IL FAUT SE RÉVEILLER ET RÉAGIR!

Alors si vous n’êtes pas, comme la grenouille, déjà à moitié cuits, donnez le coup de patte salutaire avant qu’il ne soit trop tard!


NOTA BENE :

Cette histoire de la grenouille qui « dort au gaz », allongée dans l’eau tiède les doigts de pied en éventail en attendant de bouillir dans sa propre soupe sans réagir est suspecte surtout quand elle est reprise sans discernement un peu partout dans des livres, blogs, discussions, discours philosophiques, voire séminaires en entreprise pour sensibiliser aux changements… Il suffit de googler “grenouille allégorie” pour se rendre compte qu’il y a une explosion de liens autour de cette histoire comme les tétards après quelques jours de pluies.

On entend souvent cette métaphore de la grenouille, comme par exemple, dans le film "Une Vérité Qui Dérange" d’Al Gore qui y déclare :

"Une grenouille plongée dans une casserole d’eau bouillante réagit et parvient à s’échapper, alors qu’immergée dans de l’eau tiède, elle se laisse endormir et meurt à petit feu. Il faut sauver la grenouille. Que faut-il à l’humanité pour commencer à réagir ?"

En vérité, l’histoire de "La grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite" fut rapportée et utilisée pour la première fois par le philosophe Olivier Clerc dans ses livres et ses conférences. Ce petit conte métaphorique est une idée originale de l’auteur Félix Picard. Olivier Clerc utilisa souvent cette allégorie - qu’on lui attribue à tord – la citant en exemple dans ses ouvrages, car il considère qu’elle est d’une grande richesse d’enseignement.

Cela dit, l’allégorie métaphorique de Félix Picard a fait beaucoup de bruit et en gagnant en popularité elle en a fait réagir plus d’un ! Entre autre le Professeur Doug Melton, herpétologiste au Département de Biologie à l’université de Harvard, qui s’offensa de cette "fausse représentation" et déclara à tout vent que l’ histoire de la grenouille en casserolle était sans doute fort sympathique mais fausse, et trompeuse : "si vous plongez un batracien dans de l’eau froide, il va sauter hors de l’eau avant qu’elle ne soit chaude. Il va pas rester assis à attendre votre ordre".

Selon le professeur Melton, les grenouilles ne sont pas à ce point abruties. Pas au point de se laisser cuire sans réagir, sans répondre son instinct primaire de survie…

Mais, encore… Est-ce que le professeur Doug Melton, (qui reproche à cette affirmation de ne pas être scientifique), a au moins tenté l’expérience en laboratoire afin de démontrer ses dires ?

La réponse est : non

Alors, pour en avoir le cœur net, « Fastcompany.com » a décidé de réaliser l’expérience ! Ils ont mit une première grenouille dans une casserole d’eau froide et firent s’élever la température doucement. Après 4,2 secondes, la grenouille bondit hors de l’eau d’un saut de 24 cm.
Ensuite, ils placent une deuxième grenouille dans une casserole d’eau tiède et chauffèrent pareillement.

RÉSULTAT DE L’EXPÉRIENCE : une grenouille plongée dans l’eau tiède, qui peu à peu se met à bouillir, ne s’échappe pas, elle cuit!
Alors, ne tentez l’expérience que si vous préparez une bonne fricassée de cuisses de grenouille!

5 commentaires:

  1. Bonjour,
    je profite de votre dernier post pour vous communiquez toute ma gratitude concernant le temps que vous consacrez à l'écriture (et parfois la traduction) de vos articles qui ne manquent jamais de nous transmettre certaines informations diluées, voire éradiquées par nos médias.

    Lecteur assidu, je prends toujours un malin plaisir à m'évader, à m'instruire et à suivre l'évolution des choses existantes sur notre Terre par le biais de vos critiques et de votre regard aiguisé sur notre monde.

    Pour finir, je n'aurais que quelques mots : un GRAND MERCI, et surtout n'arrêtez pas !!!

    PS : si je puis être d'une aide quelconque, vous pouvez me contacter.

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  2. Ooooh! Merci ! Merci beaucoup ! Tes commentaires nous touchent beaucoup! Ça fait chaud au cœur… nous sommes agréablement surpris !

    Il est vrai que nous tenons à ce que notre blog soit de qualité.. Mais surtout nous sommes très heureux de savoir que nous avons des lecteurs fidèles, et que nous sommes appréciés.
    Tes encouragements nous sont très précieux, parce que cela justement nous encourage à continuer notre mission, bien qu’elle soit parfois fort laborieuse… C’est déjà une contribution fort appréciable! Mais encore… Si tu as un bon tuyaux, une idée lumineuse, ou simplement envie de nous contacter pour échanger, tu peux aussi le faire via notre e-mail : agentssanssecret@ymail.com

    Cela dit, Merci Belokan…
    Merci beaucoup!

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  3. Belokan/ Agents sans secret... que des noms intéressants! Un truc qu'il faut savoir... La grenouille est GRANDE par rapport à la marmite. Nous sommes petits et enfermés par rapport à la Terre.. Je vous propose d'essayer de cuire 7 milliard de grenouilles dans une casserole d'eau froide qui ressemblerai plus à une sphère fermée...
    Apporter une solution? C'est comme soigner l’insouciance et l'indifférence de notre époque! Oui, il faudrait agir goutte sur goutte,
    soit faire la guerre/ soit promouvoir l'éducation. Mais l'homme est humain après tout, il aime s'amuser!
    Touchons goutte par goutte et enseignons.

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  4. Merci pour votre blog, vos connaissances, vos raisonnements et votre lucidité, assaisonné d'une dose d'humour comme je l'aime, me comblent ;-)

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  5. Je reprends 2 phrases de votre page et en donne le lien par honnêteté. Merci pour vos lumières. Nous partageons bien des idées et opinions. https://www.facebook.com/libertagilles.001/posts/521946128013753?notif_t=like&notif_id=1472746317949621

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